Aller au contenu

Alphabet Latin Wolof

Notre exploration de l'alphabet Wolof débute ainsi. La maîtrise de cet alphabet ouvrira les portes vers les trésors de cette langue. Pour beaucoup d'entre vous, cela signifie une première étape d’apprentissage à écrire correctement et à prononcer les mots wolof avec précision. Cela vous permettra d'utiliser efficacement, pour une première fois un dictionnaire wolof; ceci est un progrès significatif pour une langue principalement transmise oralement. Vous découvrirez par vous même à quel point cet alphabet s'harmonise parfaitement avec la langue. Je vous conseille de vous munir dès maintenant du clavier Wolof (Gboard pour android et Microsoft SwiftKey AI Keyboard pour Iphone). Je partage ici le dernier décret sur l'orthographie et la segmentation des mots en Wolof, cosigné par deux anciens présidents du pays, mettant en lumière l'évolution de la langue à travers les décrets antérieurs. De plus, je vous recommande deux dictionnaires pour explorer (lien 1 et lien 2 ). Pour une recherche rapide et fluide, je recommande également ce dictionnaire web, bien plus pratique que les autres options qui sont en format PDF non textuel. Prêts à percer les mystères des 26 lettres, comprenant 21 consonnes et 6 voyelles ?

  • alphabet: a-A, b-B, c-C, d-D, e-E, f-F, g-G, h-H, i-I, j-J, k-K, l-L, m-M, n-N, ñ-Ñ, ŋ-Ŋ, o-O, p-P, q-Q, r-R, s-S, t-T, u-U, w-W, x-X, y-Y.
  • consonnes: b - c - d - f -g - h - j - k - l - m - n - ñ - ŋ - p - q - r - s - t - w - x - y.
  • voyelles: a - i - u - o - e

Voici une vidéo de présentation de l'alphabet latin Wolof

1. Les consonnes

Quelques précisions sur certaines consonnes

  • Les lettres suivantes ont la même valeur phonétique que dans l’alphabet français
  • La lettre b
    • Exemples: baay b-: père | bunt b-: porte | bow: aboyer | bët b- (1) : oeil | bëtt: percer, passer à travers
  • La lettre d
    • Exemples: dagan: être permis / loisible | daje: se réunir | dàtt b-: tronc d’arbre | dégmal: être imminent | déggal (2): obeir
  • La lettre f
    • Exemples: for: ramasser | fegu(3): se protéger | feddali: raffermir, fortifier | faatu: mourir
  • La lettre g
    • Exemples: gag: avoir un trou de mémoire, commettre une erreur | gawar g: cavalier | gàddaay g-: s’exiler | gaaw: être rapide | ga: obliger | gaa (4): certes | gaw: encercler, cerner
  • La lettre k
    • Exemples: kamaj: éteindre | keppaar: endroit ombragé, ombre portée d’un arbre | kersa g-: pudeur, retenue | kort: jeter un sort
  • La lettre l
    • Examples: lakk: brûler | lem: plier | lëndëm g-: obscurité | lingeer b-: titre de noblesse que porte une femme de sang royal
  • La lettre m
    • Exemples: mar: avoir soif | moroom m-: camarade
  • La lettre n
    • Exemples: nafar: réviser | naw: admirer
  • La lettre p
    • Exemples: paaka b-: couteau | pastéef b-: esprit de décision, volonté | pes: gifler
  • La lettre r
    • Exemples: rëpptal: faire galoper (un cheval) | reesal: digérer | reelu: être comique
  • La lettre s
    • Exemples: sago s-: sans-froid | sas w-: tâche | sàng: couvrir d’une couverture | sàppe s-: rangée de fidèles à la prière.
  • La lettre t
    • Exemples: tabax: construire, bâtir | torlu: signer | tudd: nommer | tukkurmuut j-: euphorie | tusngal j-: khôl | tata j(5) : muraille d’enceinte
  1. Distinguez bien la prononciation entre bëtt et bët : lorsque la consonne est doublée (géminée, ici deux t), sa prononciation est plus appuyée et marquée.
  2. Comme pour bëtt, ici la lettre g est doublée et doit donc être prononcée plus fortement.
  3. fegu, verbe = feg + u (suffixe). feg signifie barrer la route à qqn dans sa course. Nous verrons les suffixes dans les prochains chapitres
  4. Loolu, weddiwuma ko gaa = ça, je ne le nie certes pas.
  5. Image

    tata j- = muraille d’enceinte

    Citation

    Seen der, tata ju koy ñoŋal ba du yàqu mooy yar L'éducation/politesse est la fortification qui vous protége (votre réputation par example) de toute atteinte/souillure. - Oustaz barham diop

    ñoŋal, verbe = surveiller, veiller sur


  • Les lettres suivantes ont une prononciation différente de celles de l'alphabet français.
  • La lettre c: C’est le son que l’on entend dans le nom de famille Thiam (en écriture française) et qui s’écrit normalement Caam en wolof

    • Exemples: carax y-: sandales | ceeb b-: riz | cofeel g-: amour, sympathie | coroxaan: avaler de travers | coobare g-: volonté, agrément | cuuraay l-: encens | cant g-: remerciement, reconnaissance

    Remarque

    Ces mots n’ont pas été choisis par hasard. En wolof, dans beaucoup de cas, à partir d’un mot (verbe), on peut altérer la lettre s par c pour produire un nouveau nom de la même famille: on parle de dérivation nominale par alternance consonantique (on alterne une consonne par une autre) (cf. chapitre 3).

    1. sant (remercier) cant g- (remerciement)
    2. sàcc (voler) càcc g- (vol)
    3. sol (porter (un habit) ) col g- (habillement)
    4. soob (plaire comme quand on dit “Ndeem soob na Yàlla” ) coob + are \= coobare g- (volonté)
    5. suur (parfumer en brûlant de l’encens; faire une inhalation ou une fumigation) cuur + aay \= cuuraay l- (encens)
    6. sos (créer) cos + aan \= cosaan l- (origine, genèse)
    7. saaf (rôtir) caaf l- (grillée comme dans gerte caaf (arachide décortiquée et grillée))

    Note

    Depuis le début de cette section, nous avons rencontrés des suffixes comme u, are, aay et aan: ce sont des suffixes Wolofs bien connus. Nous les verrons au chapitre 3.

    Astuce: Pour vous en souvenir, rappelez-vous juste de la relation qui existe entre les lettres s et c en français: elles ont parfois la même prononciation. En wolof, cette relation est plus profonde comme vous l’avez vue: elle est sémantique !!! D’autres lettres en wolof présentent cette même relation (cf. chapitre 2) comme r et d (moyen mnémotechnique, pensez à la R&D) et entre f et p (pensez à ça f = ph en français)

  • La lettre j: C'est approximativement ce qu’on entend en français dans “dieu”. Désormais pensez à l’utiliser à la place de “di”.

    • Exemples: jabar j-: épouse | jaan j-: serpent | jàmbat: se plaindre | jéem: essayer | jéex: fouiller
  • La lettre ñ: C’est le “gn” du français (agneau). L’écriture “gn” n’existe pas en wolof. Il faudra utiliser ñ.
    • Exemples: ñaw: coudre | ñagas: être rugueux | ñaan: demander | ñaar: deux | ñaareel: deuxième (on peut écrire aussi 2eel, 3eel (ñetteel), 4eel (ñenteel) etc.) | ñaare: Quelquefois, parfois | ñox b-: trompe d’éléphant
  • La lettre x: C’est le son que l’on a tendance à transcrire par “kh”; cette écriture n’existe pas en wolof.
    • xala g-: arc
    • xal w-: braise
    • xam: savoir, connaitre | xamadi(1) : ne pas savoir, être grossier / rustre / impoli
    • xar m-: mouton | xar w-: chaque partie d’une unité fendue | xar, verbe: fendre ou aussi entrer en transe (2)(daanu-leer), être en rage (3), avoir une crise d’épilepsie (daanu-rab)
  1. Le suffixe -adi a souvent une valeur de négation, d'opposition. Exemples:

    • jekk: être convenable, bien fait, élégant jekkadi: être incorrect, mal en point, indisposé, dans la gêne
    • jag: être correct, normal, bien arrangé, dans l’état approprié jagadi (1)
      1. "jagadi" est aussi un terme d’évitement pour dire "être indisposé" (Avoir ses règles)
      : être anormal, en mauvais état
    • jub jubadi.

    Ainsi xamadi signifie littéralement (ne pas savoir). Cependant, on l’utilise pour qualifier quelqu’un de grossier / impoli / mal élevé / insolent. Ainsi ce mot résume bien la phrase suivante ( je ne sais plus de qui ): Ton insolence n'est que le reflet de ton ignorance

  2. Xar est utilisé pour désigner une personne en transe ou en épilepsie. Lorsqu'une telle personne retrouve sa lucidité on dit "daa xeri". Nous verrons les suffixes inversifs comme le suffixe "-i" au chapitre 3. Ceci explique justement les inversifs suivants

    • xar xeri tout comme on l'observe dans d'autres mots:
    • ub (fermer) ubbi (ouvrir)
    • xëm ximmi | sëgg siggi | tëj tijji
    • fas: nouer fecci: dénouer (rappelez de la relation entre s et c en wolof)
    • saf ppi | xef xippi | roof roppi (rappelez de la relation entre f et p en wolof)
    • weer: weri

    Clairement dans l’inversif, il y a des règles et un schéma respecté: soit une consonne est alternée par une autre ou elle est géminée. Les voyelles ont tendance à changer.

  3. Justement, le terme xaru (xar étant la racine du mot) exprime le fait de se débattre. Cf cet article de blog complet sur le terme xar

Adressons une question que vous vous posez probablement.

Que diable se cache derrière ces lettres (g-, w-, m-, j-, …) qui trainent derrière les noms? En wolof, le nom doit être marqué d’une consonne qui indique la classe à laquelle il appartient. Cette consonne est appelée indice de classe ou classificateur. On dit que le wolof est une langue à classes nominales 1.

Pour faire le parallèle avec le français, on peut dire que de base, il y a 3 classes en français: masculin (le), féminin (la), pluriel (les). Ces classes varient au cas indéfini et deviennent: un, une, des. En wolof, il y en a 10 😱 !!! Étant un indicateur sémantique, un emploi inhabile d’un classificateur changera complètement le sens du mot.

  • Exemple 1: ndaw si: la jeune femme | ndaw ñi: les jeunes | ndaw li: le messager | ndaw gi: jeunesse, virginité
  • Exemple 2: xar bi: grand récipient en bois en forme de calebasse | xar mi: mouton | xar wi: portion.
  • Exemple 3: guur wi: une canicule | guur yi (1)
    1. justement nguur g- qui signifie pouvoir régnant, gouvernement ou même royaume est un mot de la même famille que guur
    : les royautés
  • Exemple 4: lay b-: la rosée | lay w-: justification
  • Exemple 5: lem b-: le plit | lem g-: miel
  • Exemple 6: mat, verbe: être achevé | mat g-: la maturité ou le travail (durant l'accouchement) | mat w-: la femme en travail.

Remarque

Tant qu’on y est, parlons du "i" qui traine au bout des classificateur. Pour un classificateur donné, l’ajout du “i” à la fin permet de former un article défini: si, ñi, li, gi, etc. Pour le cas indéfini, il faudra précéder le classificateur de la lettre "a" ou "u"

  • ab xarit: un ami (xarit b-: un ami) | ag ndaw: une jeunesse | am xar: un mouton...

Les classificateurs ont d’autres propriétés très intéressantes que nous verrons au chapitre 2.

Que ceux qui sont en train d’avoir une crise existentielle sur leur emploi inhabile des classificateurs du wolof prennent une pause café ☕

  • La lettre q: le son de cette lettre n’existe pas en français. En wolof, c’est un peu l’équivalent de la lettre x doublée (xx). On verra en détail ce son dans la section sur la gémination (lettre doublée). Cette lettre ne commence jamais un mot wolof. Pour comprendre la différence de prononciation avec la lettre x et le son produit par kk, essayer de prononcer les mots suivants:

    • yax b-: os | yàq: abîmer, gâter, détériorer | yakk: mettre dans un plat (le contenu cuit d’une marmite)
    • jax: remuer mélanger / sonder, tester | jàq: être dans l’inquiétude | jàkk: regarder fixement
    • qamtiku: saliver
  • La lettre ŋ: On l’appelle n à long jambage droit. C’est le son terminal que l’on attend dans les mots anglais au progressif: Parking, doing, living,

    • ŋaam w-: mâchoir | ŋàññ: dénigrer | ŋexal: hennir | ŋeer: s’évaporer | joŋante: rivaliser | diŋat: ne pas reconnaître comme fondé, refuter
  • Lettre w: est le son qu’on entend au début dans “oui” en français
    • woo: appeler
    • wal: soupirer, souffler | walis: siffler avec la bouche | wax: parler
    • weer w-: lune | wér: être en bonne santé | wujj w-: coépouse | wal m- (1): l'écoulement
  1. Yol m- : Le ruissellement
    • Yolaan m- : une avalanche
    • Yolnde w- : cours d'un ruisseau faisant suite à une chute d'eau

2. Les Voyelles

  • Lettre a : c’est une voyelle courte; plus courte que le "a" français

    • lal b-: lit | kaf: plaisanter | fas w-: cheval
  • Lettre à : c’est le son a du français. Cette voyelle est plus ouverte. Faites bien la discernation entre "a" et "à"

    • làkk b-: enclos | làkk w-: langue | lakk g-: incendie
    • wacc: laisser | wàcc: descendre (bien insister sur le "c" doublé)
    • takk b-: souvenir, repère | takk g-: mariage | tàkk: flamber, brûler
    • matt m-: bois de chauffage | màtt w-: punaise de lit
    • and b-: encensoir | ànd b-: compagnie; camaraderie; placenta;
  • Lettre e : C’est le son è ou ê du français comme dans tête, très

    • set: propre | der w-: peau; réputation | cere j: couscous de mil
  • Lettre é – Le son n’est pas équivalent au é du français. Également faites bien la discernation entre “e” et “é”.

    • génn: sortir | gént g-: rêve | géex (1): roter | réew m-: pays | kéew m-: environnement | géew b-: espace délimité par des personnes formant un cercle

    Attention

    Encore une fois, faites bien la différence entre "e" et "é".

  • Lettre ë: c’est le son "e" du français comme dans demain

    • bët: oeil | fënëx: être vermoulu | gëq: régurgiter | gërëm: remercier
  • Lettre i: c’est le son i dans cil en français
    • indi: apporter, amener | cin l-: marmite | dig: promettre | digg b- (attentin au g doublé): milieu, centre
  • Lettre o: c’est le o ouvert de pomme
    • gor: abattre, entailler, couper (un arbre ou une branche) | gor b-: espace dégagé par abattage des arbres | gor s-: homme de condition libre, homme d’honneur | goro b-: beau-père; belle-mère
  • Lettre ó équivalent du “ô / au” en français mais de manière brève. L’écriture au n’existe pas en wolof; pensez donc à utiliser ó.
    • jóg: se lever | óbbali: bâiller | yónni: envoyer quelqu’un en mission | yóbbe: occasionner (quelque chose) à quelqu’un, causer | óom b-: genou
  • Lettre u: C’est le son "ou" du français. L’écriture ou n’existe pas en wolof; pensez donc à utiliser u.

    • bukki: hyène | murit b-: adepte de la confrérie Muridiyya | musal: préserver | musiba m-: malheur
  • Lettre ã: C'est le son an du français (voyelle nasale). On ne le voit que très rarement sur des mots wolof. Généralement cette lettre apparaît sur des mots empruntés à une langue étrangère typiquement le français

    • Farãas : France

Nous verrons plus en détail les voyelles é, ë, ó ce sont des voyelles “lourdes”.

  1. La voyelle "é" se prononce brièvement, comme toutes les voyelles simples. Pour obtenir une version longue ou prolongée de "é", on ajoute un "e" à la suite, ce qui donne "ée". De manière générale la forme prolongée des voyelles se fait en préfixant par les lettres suivantes: a, i, u, o et e (cf. Chapitre 3)
    • e ee
    • a aa
    • i ii
    • é ée